Balade entre Terre et Miel, chez Julien Ancel

Nouvelle sortie entre « Amapiens » : la visite de l’exploitation de Julien Ancel à Saint-Cézaire-sur-Siagne, producteur de fruits et légumes bio pour trois AMAP dans les Alpes-Maritimes. Il nous accueille avec sa compagne pour la journée sur ses terres agricoles où il nous explique son travail quotidien à base de biodynamie, d’agroforesterie et autres concepts agricoles du même acabit qui respectent la Nature et la Terre.

Entre Terre et Miel

Les amapiens chez Julien Ancel

La ferme entre Terre et Miel

« Depuis toujours, je voulais avoir une ferme. » Julien Ancel

Contre toute attente, Julien Ancel ne fait pas partie de ces néo-paysans reconvertis, venant bien souvent de la capitale ou d’autres grandes villes. Ce n’est pas l’un de ces anciens citadins « bio-bo », militants écolo et partis en province à la recherche d’un monde plus vert et même d’auto-suffisance en créant une ferme biologique et qui se mettent à cultiver en permaculture. Non, Julien Ancel voulait avoir une ferme depuis toujours. Il a fait un BAC STAE. Il a été en lycée horticole. Il a travaillé sur plusieurs exploitations diverses et variées, et même à l’étranger pour observer et apprendre auprès des autres. Un parcours plutôt classique qui aurait pu faire de lui un agriculteur conventionnel, mais c’est la voie du biologique qu’il a choisi de suivre pour notre plus grand bonheur à nous, les Amapiens, qui nous régalons chaque semaine de ses fruits et légumes bio.

Julien Ancel dans son verger biologique

Julien Ancel dans son verger biologique

A la recherche de l’auto-suffisance alimentaire et agricole

Cherchant l’auto-suffisance alimentaire et agricole, il a créé en 2010 cette ferme « Entre Terre et Miel » de 3 hectares (bientôt 4 hectares puisqu’une partie est encore une forêt à rendre exploitable). On y trouve des cochons, un cheval, des oies, des poules, des moutons, des ruches (12 au total). Tout ce petit monde désherbe, pollinise, se nourrit des ravageurs et des restes végétaux et produit un fumier très riche pour la culture maraîchère.

Sur les parcelles de Julien Ancel, on trouve 10% de matières organiques. Ce qui est très élevé comparé à l’agriculture conventionnelle qui plafonne à moins de 1% (3 à 4% en agriculture biologique habituelle). L’amendement du sol par le fumier des animaux a permis à l’agriculteur de baisser l’acidité de ses terres pour en améliorer la productivité ; celle des arbres fruitiers en particulier. Et les résultats sont impressionnants. On constate que les abricotiers sont chargés de fruits alors qu’ils n’ont été plantés que 5 ans auparavant. En 3 à 4 ans, l’agriculteur parvient à obtenir ses premiers fruits sur des arbres fruitiers très jeunes. Et nos amies pollinisatrices dans les ruches posées juste à côté y sont aussi pour quelque chose. Et c’est le secret de la biodynamie : aider toute cette faune et cette flore à cohabiter et à nous donner le meilleur dont elle est capable sans pour autant l’épuiser.

Abricotier chargé de fruits

Abricotier chargé de fruits

Les poules Le coq Les cochons Les oies Le cheval

Partage de savoir-faire et d’expériences

Quand vient le moment de consommer le cochon, c’est le boucher du village qui vient les aider à faire des saucisses. Il y a beaucoup de partage et de générosité à la ferme Entre Terre et Miel. Ce sont de 3 à 8 personnes qui travaillent ici toute l’année en fonction des périodes. La ferme accueille beaucoup de woofers : c’est une belle manière d’échanger et de partager ses pratiques tout en trouvant de l’aide sur l’exploitation à peu de frais.

Agroforesterie VS agriculture conventionnelle

Lorsqu’on découvre les champs de Julien Ancel, on est à des années lumières des champs uniformes, rectilignes et « propres » de la mono-culture conventionnelle. Julien Ancel pratique l’agroforesterie. Des arbres d’abord, fruitiers tant qu’à faire, et en-dessous des cultures, mais pas que maraîchères. Ainsi, vous y verrez des abricotiers faisant de l’ombre à une rangée de salades et un peu de camomille ; quelques plants de courgettes faisant la course vers le ciel avec des pieds de tournesols. C’est ainsi qu’il obtient ce qu’il appelle « la régulation du milieu ».

Ses cultures souffrent peu des ravageurs : pas de fourmis qui grignotent les fraises, pas de limaces qui dévorent les salades. Pas de désherbage intempestif, pas de produits chimiques mais plutôt du purin d’ortie et de prêle. Ici, les choses s’équilibrent d’elles-mêmes. C’est une nature presque à l’état sauvage, un gentil désordre contrôlé. Des arbres, des plantes, des fleurs, des animaux qui cohabitent presque comme ils le feraient en pleine nature. La main de l’Homme vient simplement les guider, orienter le tout et récolter ce que ce petit monde veut bien produire pour nous. C’est à l’agriculteur de comprendre la Nature pour en exploiter les symbioses et assembler les éléments entre eux pour les rendre plus forts et plus productifs.

Plants de fraises en agroforesterie

Les plants de fraises sous les arbres fruitiers

Rangée de maïs et cucurbitacées

Rangée de maïs et cucurbitacées

Agroforesterie Plantations sous les arbres Fraise mûre bio Rangées de salades en agroforesterie Groseille bio Culture maraichère de salade, fenouil et blettes bio Les blettes bio

Une production variée et de beaux rendements

Sur ses terres, Julien Ancel cultive également du safran. C’est l’une des premières cultures qu’il a démarrée ici. On y trouve également de la rose de Grasse (une quarantaine de pieds), la fameuse Centifolia. Il en fait de la gelée et du sirop. Un vrai délice.

Il pratique également la rotation des cultures pour ne pas épuiser les sols et casser le cycle des parasites. Chose qui est impossible à faire quand on est en mono-culture conventionnelle.

Au cours de la visite, il nous montre une serre remplie de plants de courgettes : « On est plutôt contents de notre rendement. Dans cette serre, on ramasse en ce moment 30 à 40 kg de courgettes toutes les 48h ». Qui a dit qu’en bio les rendements étaient moins importants ?

Serre de courgettes bio

La serre de courgettes en question

L’indépendance agricole totale

Toujours dans cette recherche d’autonomie et d’indépendance, Julien Ancel fait ses propres semences. Il nous montre sa petite nurserie où il fait pousser tous ses plants. En hiver, la serre est chauffée par un petit poêle à bois pour protéger les semis des gelées. Ici, point de dépendance aux géants de l’agronomie. On trouve 15 variétés de tomates différentes et des surprises dans nos paniers. Et oui, quand on laisse la loterie génétique refaire surface et qu’on arrête de contrôler la Nature à tout prix, on a des petites merveilles qui émergent de terre.

La nursery et son poêle à bois

La nurserie et son poêle à bois où poussent les semis

La pépinière

La pépinière où grandissent les plants avant d’être mis en terre

Serre de tomates bio

Une serre de tomates

La loterie génétique à l'oeuvre

La loterie génétique à l’oeuvre

La ferme dispose également d’un sous-sol où sont produites environ 5000 endives. Et oui, ça pousse dans le noir et au frais !

Et comme toute traditionnelle sortie en AMAP, on termine par un joyeux pique-nique champêtre et convivial à base de bons produits bio et maison. L’occasion pour Julien de nous faire déguster ses sirops maison aux parfums variés : verveine, menthe, pêche, rose centifolia, fleur de sureau, citron, mélisse, thym… Ils sont délicieusement parfumés. Absolument incomparables face à ce qu’on a l’habitude de boire en terrasse des cafés ! Et ils sont les bienvenus et bien mérités après cette balade sous la chaleur du midi. Les moutons en profitent pour venir se faire caresser par les enfants.

Le pique-nique champêtre Les sirops entre Terre et Miel

L’estomac bien rempli, le coeur léger, la mine bronzée, nous repartons ravis de cette escapade champêtre, les batteries rechargées à fond, nous sentant profondément connectés à la nature. Il va sans dire que le goût de nos aliments prend une toute autre dimension quand on sait d’où ils viennent…

Sculpture grenouille en bois

4 commentaires sur la recette “Balade entre Terre et Miel, chez Julien Ancel

  1. Que de travail accompli depuis les débuts, félicitations pour cette réussite et bon courage pour la continuité des travaux à venir.
    Amicalement Michèle et Serge Lohr

  2. Très contente d’avoir participé en toute convivialité à cete journée champêtre
    Julien a de beaux projets, soutenons-le
    Bel article très complet.
    Merci à Julien et à la journaliste

    • Merci pour ce commentaire, ravie que l’article sur l’exploitation de Julien Ancel vous ait plu ! 🙂 Vous avez raison, continuons à soutenir l’agriculture biologique et tous ceux qui essaient de la développer.

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